Depuis leur premier concert à Glastonbury en 1980, la musique millénaire des Master Musicians rifains de Joujouka a fait le tour du monde. Leurs tambours et flûtes si particuliers ont entre temps aussi fait chavirer quelques rockstars et jazzmen. Brian Jones, Ornette Coleman, Mick Jagger : tous sont venus à Joujouka afin d’enregistrer cette empreinte musicale.
Le Centre Pompidou invite les Master Musicians of Joujouka pour un concert, en écho à l’exposition Beat Generation. Un choix évident car l’on sait que l’artiste Brion Gysin, figure du mouvement, a largement popularisé leur musique. À l’orée des années 1950 et passionné par la culture marocaine, Brion Gysin a une révélation pour cette musique. Débute une longue histoire : associé à Mohamed Hamri, originaire de Joujouka, il ouvre le restaurant les 1001 Nuits à Tanger. C’est ici même que William Burroughs les découvre. Avec Paul Bowles et Ian Sommerville, initiateurs de la technique du cut-up, les trois artistes s’inspirent alors de la musique des Master Musicians.
Si leurs échanges avec les autres cultures musicales sont intenses, les Master Musicians préservent leur art ancestral. Au nombre de 14 aujourd’hui, ils revêtent toujours leur costume traditionnel et se partagent sept instruments différents, avec une dominante de tambours et flûtes. Ils sont aussi accompagnés d’un danseur ressemblant à Bou Jeloud, figure mythologique moitié homme, moitié chèvre, dont la transe rituelle assurerait la fertilité des terres.