Anatoli Vassiliev m’a fait voir Médée sous un jour absolument nouveau. Elle a tout quitté pour Jason, elle a tué son frère, trahi ses parents, son pays, et elle revient vers son origine, vers la magie, vers les dieux. Elle accomplit un rituel. Pour oublier Jason, il faut aussi qu’elle efface une part d’ellemême, et leurs enfants. Vassiliev ne voit pas ce geste comme un meurtre. Il ne s’agit pas d’une vengeance, mais d’un sacrifice. Alors tout change. L’acte s’apparente à de la magie blanche.
Le sacrifice, ce n’est pas une fin en soi, c’est un passage, c’est un chemin de vie. C’est un retour vers son innocence, sa propre enfance. Un soin de l’âme. Médée traverse son mythe pour renaître. Elle n’est plus l’exilée, l’étrangère, la femme abandonnée. Elle devient un être hybride, « Ni femme ni homme ». Elle transgresse les genres, les origines, le âges. Elle va au-delà de la limite, brûle ses idoles, fait table rase de tout.
Valérie Dréville