À l’occasion de la présentation de sa nouvelle pièce, Le Cercle, Nacera Belaza propose un parcours choisi dans son répertoire à travers une suite chorégraphique composée de trois pièces : La Nuit, La Traversée et Sur le fil portées par un à cinq interprètes. En outre, en intermède à ces deux programmes, la chorégraphe invite le public à participer à une Procession ouverte à tous. Un univers au pouvoir de fascination durable.
LA NUIT, LA TRAVERSÉE, SUR LE FIL
Creuser le même sillon pour mettre au jour encore et encore des soubassements inédits : la méthode de travail de Nacera Belaza s’apparente à de l’archéologie pour révéler une nouvelle dimension. À moins que sa danse, très empreinte d’intériorité, ne dévoile le ballet d’un monde enfoui dont elle entreprend d’être le médium. Car pour insolite que soient ses spectacles, ils n’en produisent pas moins une impression de familiarité et de sérénité, comme si chacun y retrouvait une essence perdue.
Le triptyque composé de pièces de son répertoire s’articule naturellement. Chaque épisode appelle le suivant : le solo La Nuit (2012) pourrait restituer un vertige nocturne, intime et profond, La Traversée (2014), en duo, évoquer l’infinie et mélancolique difficulté existentielle d’être au monde, enfin Sur le fil (2016) met en scène un trio où chacun s’efforcerait de se délester des lourdeurs de son être débarrassé de sa carapace, l’effeuillant peu à peu, en quête d’une vérité plus profonde…
LE CERCLE
S’agit-il de créatures qui saluent la naissance du monde ? Ou d’enfants somnambules réunis en un bal clandestin ? Ou de jeunes révolutionnaires tout à l’exaltation de leur idéal ? L’engagement des danseurs et l’inventivité de la chorégraphie font de ce Cercle une féérie sauvage, stimulante et insolite.
Comme la chorégraphe elle-même n’exclut aucune lecture dramatique, le spectateur est invité à accueillir ses propres visions. Cette transe en clair-obscur, menée percussions battantes, excite l’imaginaire. Ainsi se dit-on qu’il faut entendre par Cercle, quelque société secrète, un club très select pour initiés. En effet, la cohésion est frappante entre ces corps désarticulés qui semblent tous avoir bu à la même source sacrée et goûter à la même formidable libération. Force, urgence, rigueur : Nacera Belaza, qui maintient un même axe de recherche artistique, touche au plus près de l’accomplissement.
LA PROCESSION
Rien ne vaut l’expérimentation active pour comprendre et ressentir au plus près un travail artistique. Ouverte à la participation de tous, cette Procession constitue une création originale, en situation, sur un itinéraire surprise autour et dans la MC93. Des moments chorégraphiques préparés, exécutés par un noyau de danseurs amateurs, jalonnent le parcours. Ce groupe « contaminateur » est là pour inciter les participants à une perception mouvante et interactive des chorégraphies proposées. Cette Procession, qui se déploiera hors du rythme frénétique de nos vies, est l’occasion pour chacun d’éprouver les sensations d’un interprète de l’univers chorégraphique si singulier de Nacera Belaza.