Avec ses corps acrobatiques lancés dans des paysages de clair-obscur ciselés, la metteuse en scène et chorégraphe Raphaëlle Boitel dessine les contours d’une humanité pétrie de doute et de mystère.
Ombres portées, voilà un espace métaphorique qui lui va comme un gant, tant la lumière, savamment architecturée dans le noir du plateau, caractérise les visions d’une humanité pleines de mystères que nous offrent ses spectacles. Ce qui est caché, les mots enfouis, nos parts d’ombre, les non-dits, l’inconscient, la peur mais aussi le courage, sont au cœur de cette nouvelle création conçue, comme les précédentes, à la croisée du cirque, de la danse et empruntant au cinéma muet le jeu très graphique de ses personnages, en particulier à la figure de Buster Keaton. Le drame n’est jamais loin de la comédie dans les spectacles de Raphaëlle Boitel. Toujours sublimé par le geste, porté par un souffle d’espoir, l’énergie solidaire du groupe. Enfant de la balle et artiste contorsionniste depuis son plus jeune âge, la jeune sœur du jongleur Camille Boitel fut longtemps interprète chez James Thierrée, avant de fonder sa propre compagnie, L’Oublié(e), qui travaille un langage acrobatique et poétique aussi bien dans les airs qu’au sol. Marqué par notre époque complexe, Ombres portées regarde vers le haut. « Il ne s’agira pas de s’enfoncer dans les ténèbres, annonce la jeune acrobate metteuse en scène, mais de trouver un moyen de rejoindre la lumière, à travers des personnages complexes qui tentent de discerner le vrai du faux, le bien du mal, la connaissance de la conviction. »