Performance hors les murs en prélude aux Ouverture(s) de Mai, Street Life de Joseph Mitchell et mis en scène par François Tizon.
Extrait de Street Life de Joseph Mitchell, 2016, éditions Trente-trois morceaux, traduit par François Tizon
« Par les passés est le troisième et dernier chapitre du projet autobiographique que Joseph Mitchell n’a jamais conclu. Il y écrit qu’à l’automne 1968, le vendredi 4 octobre exactement, au réveil d’un cauchemar, il a commencé à vivre dans le passé. Ou dans les passés. Une très longue phrase court sur plus de la moitié du texte. Mitchell vient y faire indistinctement confluer les nombreux et innombrables passés dont sa vie est faite. C’est cette phrase que j’ai d’abord voulu suspendre au dessus de l’eau. En faisant franchir au récit le pont monumental du Port à L’Anglais la performance dessinera une trajectoire de part et d’autres de la Seine, entre Vitry et Alfortville.
Le public sera accueilli sur la berge. Là, auprès de l’écluse, le texte lui sera continument adressé, d’abord à voix nue et dans les yeux, puis, à mesure que son narrateur s’éloignera pour traverser le pont, il sera progressivement relayé par un dispositif sonore, jusqu’au lointain de la rive opposée, jusqu’au bout du paysage.
A l’écoute de Par les Passés, le spectateur et ses pensées pourront se laisser emporter tandis qu’en ondes serrées fuseront parmi les eaux de la Seine tout à la fois le flot du souvenir, le ruisseau de l’enfance et le fleuve des enfers. »
François Tizon, 2019