À n’importe quelle époque et pour toutes les civilisations, qui ne s’est jamais interrogé sur le prix à payer par les femmes lors de leur accession au pouvoir ? De quelles figures imposées sont-elles redevables ? Avec quelle intention profonde et en échange de quels sacrifices inévitables ? Le prix de leur autorité vaut-il le nombre des abnégations à consentir ? Par conviction ou par devoir, toutes ont eu une bataille à mener pour conquérir, exercer, maintenir ou se défaire de leur pouvoir.
Avec « Penthésilé.e.s Amazonomachie », présentée cet été au Festival d’Avignon, Laëtitia Guédon entend questionner ce rapport complexe qu’entretiennent les femmes avec le pouvoir et avec la puissance.
Figure de la guerre de Troie, Reine des Amazones, Penthésilée est devenue une allégorie dont s’est emparée l’autrice Marie Dilasser, sollicitée aux prémices de ce projet par la metteuse en scène, séduite d’emblée par son écriture à la fois incisive et très poétique.
De cette complicité, va naître un oratorio-manifeste. Consubstantielle de la pièce, la musique y est donc très présente au travers de chants sacrés, liturgiques. S’ils étaient traditionnellement interprétés par des hommes, dans la version de « Penthésilé.e.s/Amazonomachie », un chœur de femmes, d’amazones d’ici et maintenant va prendre la place et réinterpréter ces chants vénérables.
Et si Penthésilée va se battre et aimer Achille, il va la tuer sur le champ de bataille… Inspirée originellement par la pièce de Kleist, Laëtitia Guédon a choisi de la représenter par trois figures distinctes, trois tempéraments, deux femmes et un homme au plateau, Lorry Hardel, Marie-Pascale Dubé et le chorégraphe Seydou Boro qui va incarner à la fois Achille et Penthésilée.
En quête d’une esthétique qu’elle qualifie d’indisciplinée, dès l’amorce du travail qu’elle choisit d’esquisser, Laetitia Guédon implique directement auteur.trice.s , musicien.ne.s, vidéastes, scénographes afin de favoriser des alchimies artistiques singulières et d’encourager, au travers des métissages auxquels on assiste, des voies de compréhension de l’œuvre, inaccoutumées et multiples