Prenez les vertiges du désir, de la tendresse, de la séduction, mêlez-y quelques interventions divines… et vous les verrez bientôt multipliés au centuple.
Pour Emmanuelle Haïm, au travers de ces deux pièces rares du répertoire baroque français, il s’agit encore et toujours d’amour, puisqu’elle retrouve ici des compositeurs qui lui sont particulièrement chers, et dont elle n’a cessé de fréquenter les opéras et les oeuvres orchestrales. Rameau – qui l’avait emmenée sur les sommets de Castor et Pollux et d’Hippolyte et Aricie – pour ne citer que ceux là –, et le méconnu Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, dont elle faisait, en 2011, redécouvrir les motets splendides composés à Lille.
Chez Rameau, une variation sur le célèbre mythe du sculpteur conquis par sa création ; chez Mondonville, un divertissement conçu pour la marquise de Pompadour, où les sentiments sont mis à l’épreuve… et où il s’avère que l’amour, ainsi qu’on le prétend, est aveugle mais que – c’est heureux à l’opéra –, il n’est pas sourd.
De quoi inspirer la metteure en scène et chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin, qui, intégrant les images et effets spéciaux du vidéaste Eric Perroys, trouve là deux morceaux de choix à offrir à son énergie foisonnante, à son goût du décalage, à son regard aigu et facétieux.