QUEL BRUIT FAIT LE SOLEIL LORSQU’IL SE COUCHE A L’HORIZON ? [LE BANQUET DES PYROMANES]
Imaginez un banquet réunissant Néron, Empédocle, Prométhée, Novalis et Hoffmann. De quoi vont-ils parler ? Du feu, bien sûr. Chacun possédant une expérience éminemment personnelle de cet élément. C’est ce qui a conduit Guillaume Aubry, plasticien et architecte, à imaginer leur rencontre, forcément torride, dans ce spectacle librement adapté de La Psychanalyse du feu de Gaston Bachelard.
En place donc : un empereur pyromane, qui possédait, dit-on, une salle à manger qui suivait la course du soleil en tournant « jour et nuit sur elle-même en imitant le mouvement du monde », comme en a témoigné Suétone ; un philosophe grec qui mit fin à ses jours en se jetant dans l’Etna ; un Titan qui vola le feu sacré de l’Olympe pour le rendre aux humains ; un romantique qui décrivait la chaleur de l’intime ; un auteur dont l’imagination dépendait de l’emprise brûlante de l’alcool.
Artiste-chercheur, Guillaume Aubry fait feu de tous bois dans cette création dont la préoccupation centrale gravite autour de la fascination qu’exercent sur nous les couchers de soleil – le sujet le plus photographié au monde. Dans la dynamique de sa recherche doctorale sur cette expérience esthétique, il puise ses images dans les grandes œuvres de l’histoire de l’art, dans le cinéma, dans notre culture visuelle populaire collective et dans les photos et vidéos qu’il a lui-même captées lors de sa résidence à la Villa Médicis en 2019. Une tentative métaphysique de rejouer le sublime de ce spectacle du monde qu’est un coucher de soleil.
Hugues Le Tanneur