Peut-on bouleverser le rapport traditionnel du théâtre entre une scène agissante et une salle passive qui consomme un spectacle ? Peut-on faire surgir, derrière la maîtrise performative, la fragilité, la douleur, l’émotion des interprètes ? C’est ce que tentent la soprano Kerstin Avemo, le pianiste Alain Franco et la comédienne Valérie Dréville, pour qui Romeo Castellucci a écrit le texte de cette véritable adresse directe au public.
Au-delà du lyrisme séduisant de ce Chant du cygne, au-delà des superbes poèmes mis en musique par Schubert, témoignant de l’abandon face à la mort, les artistes s’exposent, dépassent les codes habituels, se mettent en danger en laissant poindre leur fragilité, franchissant la ligne qui sépare traditionnellement le jeu et l’émotion vraie, ressentie mais cachée. Une performance percutante, radicale mais « décapante » et bouleversante.