Pour Trajal Harrell, la danse est affaire de mélanges impurs et de projections spectrales. Après The Return of La Argentina, qui voguait Kazuo Ôno voguant La Argentina, il continue à creuser le sillon du butô, se penchant cette fois-ci sur la figue de Tatsumi Hjikata. Tissant plus avant l’analogie entre le voguing, danse qui tente d’atteindre la realness, l’authenticité, et le butô où le corps cherche à joindre l’obscurité du dedans et celle du dehors – il exhume des lignes généalogiques et des croisements culturels enfouis. Adepte des hypothèses historiques manifestant les impensés de la modernité – comme il l’avait fait avec la danse post-moderne dans Twenty Looks or Paris is burning at the Judson Church – il pose un « et si » riche de pistes interprétatives : et si la soeur cachée surgissant dans les gestes de Hijikita était en réalité la chorégraphe afro-américaine Katherine Dunham, avec laquelle il a partagé un studio avant d’inventer le butô ? Entre origine fantasmée et vérité du fantasme, le corps de Trajal Harrell dessine un chemin qui part du vaudou haïtien pour arriver au Japon post-Hiroshima, révélant à force de croisements la multiplicité de couches qui constituent l’Histoire de la danse.
Attention aux nouveaux horaires, le spectacle est désormais à 19:00 le 20.11 et à 15:30 & 19:00 le 21.11