20 performeurs, 19 chansons et un DJ. À partir d’un simple dispositif d’actions/réactions entre des hits et des corps, Jérôme Bel a conçu un spectacle qui fait se rejoindre affect et concept, inconscient collectif et exposition du singulier. Repris avec des membres de la Candoco Dance Company — compagnie anglaise qui réunit des danseurs handicapés et non handicapés — le spectacle continue (de continuer)…
Formule usuelle, The show must go on est aussi le titre d’une célèbre chanson de Queen. C’est aussi le nom d’une des pièces les plus connues du chorégraphe Jérôme Bel – pièce qui, par la simplicité de ses effets, a valeur de manifeste conceptuel. Mais c’est aussi, recouvert par ces deux couches référentielles qui en feraient presque oublier le sens, un énoncé : « le spectacle doit continuer », où s’affirme la persistance des corps – et de la danse – une fois que l’on a retiré les artifices de la virtuosité ou du beau mouvement. Des chansons, des corps, des énoncés, rien de plus : une sorte de karaoké chorégraphique où les performeurs font exactement ce que (leur) disent les chansons, creusant un décalage entre ce que l’on regarde et ce que l’on entend, ce que l’on attend et ce que l’on reçoit, ce que l’on ressent et ce que l’on perçoit.
Comme toujours chez Jérôme Bel, la pièce ne se réduit pas à son concept, mais sert à l’amplifier, à élargir ses combinatoires à tout ce qui advient dans l’instant. Depuis sa création en 2001, The show must go on n’a cessé de continuer. Cette nouvelle version, avec la Candoco Dance Company, où travaillent ensemble danseurs, amateurs, handicapés et non handicapés, produit des échos avec les créations récentes du chorégraphe, comme Disabled Theater ou Gala, attestant sa capacité à absorber d’autres corps : à continuer, envers et contre tout, à faire résonner et à interpréter les signifiants de l’époque.
Dans le cadre du Portrait Jérôme Bel présenté par le Festival d’Automne à Paris.