Dans son approche totale du spectacle vivant, la metteuse en scène, chorégraphe et plasticienne Gisèle Vienne signe une allégorie contemporaine fantastique, une plongée épique et bouleversante au cœur d’une immense et très naturaliste forêt.
Alors qu’une brume opaque s’intensifie et sculpte crescendo un nouveau climat dramaturgique, nous sommes, simultanément mis à l’épreuve de nos fantasmes et de nos répulsions. Les nappes musicales obsédantes de Steve O’ Malley et de Peter Rehberg installent une atmosphère vénéneuse de chaos imminent et sont étroitement liées à l’écriture minimale, poétique et très émotionnelle de Dennis Cooper.
L’harmonie sylvestre et sa beauté première se dissipent et laissent poindre un malaise avec le surgissement de trois personnages troublants, organiquement indissociables de cette forêt monstre, miroir et abyme de leur errance morale et spirituelle.
Post-adolescents, ces trois figures incarnent toutes les contradictions des modèles de beauté contemporains. Un entraineur dominateur, une jeune athlète au corps à corps avec la perfection du sien, une rock-star mélancolique et autodestructrice entre Werther et Kurt Kobain. Semblable au sombre itinéraire d’un des personnages, le basculement de la beauté à la sauvagerie de la nature résonne alors de manière particulière.
L’étroite et subtile interaction esthétique entre tous les médias – lumière, son, texte, mouvement – la dimension extrêmement sensuelle de ses oeuvres font de la signature artistique de Gisèle Vienne, l’une des plus remarquée à l’étranger.
Pour elle, l’expérience physique, empirique du théâtre peut faire bouger les lignes de notre réflexion, elle bouscule nos ressentis tout comme notre pensée et suscite des questions morales qu’il nous faut reposer sans cesse.
« Nous cherchons à comprendre l’acte théâtral, nous cherchons encore » G.Vienne