Comment rejouer nos rapports à la liberté ? Avec Volmir Cordeiro, le trottoir devient un espace de circulations, de mimétisme et de fiction qui donne comme horizon la possibilité de réinventer l’expérience communautaire. C’est à une explosion de joie, de frontières, de transes que sont invités les spectateurs. Dans le prolongement de Rue, son duo avec le danseur et percussionniste Washington Timbó (2015), et de sa dernière pièce de groupe L’œil la bouche et le reste (2017), qui travaille à percer par des jeux d’attention ce fameux quatrième mur qui oppose la scène de la salle, Trottoiraborde encore autrement cette question de la frontalité par l’activation d’une ivresse à partager. Les six danseurs au visage et au corps recouverts de collants colorés, au rythme de différentes séquences musicales et mus par une énergie débordante, se regroupent, se dispersent, s’immiscent entre, pour ouvrir des lieux où poser la danse. Le spectateur est amené à plonger dans la croyance d’un jeu, d’un laboratoire de la révolte, d’un temps de suspension, celui-là même qui permet de déconstruire les rapports à la norme, qu’elle vienne du théâtre ou de notre quotidien. Par la fiction et par le grotesque du déguisement, le chorégraphe offre un cadre éclaté et rassembleur où chacun s’expose.
Avec le Festival d’Automne à Paris